A quand remonte la rédaction du Nouveau Testament ?
L’ensemble des écrits du Nouveau Testament a été rédigé entre les années 50 de notre ère et la fin du Ier siècle .
Les extrêmes : la plupart des lettres de Paul ont été dictées par l’apôtre lui-même et la plus ancienne, la Ière épître aux Thessaloniciens, remonte à l’année 51 apr. J.-C.. L’Apocalypse, attribuée à l’apôtre Jean, date dans sa forme actuelle des années 90-100 apr. J.-C.Les témoignages anciens :
Nous ne nous en tiendrons qu’aux témoignages certains.
- Clément, évêque de Rome 88 à 97 apr. J.-C.
Dans son Epître aux Corinthiens, il cite de façon certaine l’Evangile de Matthieu (VII, 1-2) et l’Epître aux Hébreux (I, 4). Il fait également référence à la Ière Epître aux Corinthiens (de l’apôtre Paul) et à des faits rapportés dans le livre des Actes et dans la 2ème Epître aux Corinthiens (X, 23-25). D’autres références sont parfois proposées mais sont moins sûres car elles sont soit trop courtes, soit elles se rapportent à certains passages du Nouveau Testament qui ne sont eux-mêmes que des citations de l’Ancien.- La Didachê, encore appelée Doctrine des douze apôtres, est une vieille catéchèse morale qui date de la fin du Ier siècle. Elle est issue du milieu judéo-chrétien et se réfère de nombreuses fois à l’Evangile de Matthieu.
- Ignace, évêque d’Antioche (mort vers 110 apr. J.-C.).
Ils nous a laissé 7 lettres. Dans sa Lettre(épître) aux Ephésiens, il a fait plusieurs fois allusion à l’Epître aux Ephésiens (de l’apôtre Paul) et dit clairement :
« Vous avez été initiés aux mystères par Paul, cet homme saint, éprouvé, bienheureux. Et je voudrais bien arriver à Dieu en marchant dans ses pas ; en toutes ses lettres il se souvient de vous dans le Christ Jésus » (XII, 2).
Il cite également Matthieu :
« C’est au fruit que l’on reconnaît l’arbre » (Matthieu XII, 33) et se réfère plusieurs fois à la 1ère épître aux Corinthiens (I, 20 et VI, 9-10).
Dans son Epître aux Romains, il cite I Corinthiens IV, 4 ainsi qu’une partie de Jean III, 8 dans son Epître aux Philadelphiens.
Dans son Epître aux Smyrniotes il rappelle différents événements consignés dans les Evangiles.
Dans son Epître à Polycarpe enfin, il cite Matthieu X, 16, recommandant à son correspondant d’être « prudent comme le serpent et candide comme la colombe ».- Une Homélie composée vers 120 apr. J.-C. et longtemps attribuée par erreur à Clément de Rome (voir plus haut) cite également à plusieurs reprises l’Evangile de Matthieu (V, 46 ; VI, 24 ; VII, 21, 23 ; IX, 13 ; X, 32 ; XII, 50 ; XVI, 26 ; XXV, 21). L’Evangile est appelée « l’autre Ecriture » pour le distinguer de la Bible hébraïque car les expressions « Ancien » et « Nouveau Testament » n’existaient pas encore.
- L’Epître (dite) de Barnabé (vers 130 apr. J.-C.) cite encore l’Evangile de Matthieu (1) (IX, 13 ; XXII, 14) ce qui en fait sans conteste l’Evangile le plus souvent cité par les auteurs chrétiens les plus anciens.
- Papias d’Hiérapolis (vers 130 apr. J.-C.)
Cet auteur, qui a connu indirectement des apôtres, est signalé et cité par Irénée de Lyon (Contre les Hérésies, V, 33, 3 et 4 ; vers 180 apr. J.-C.) et par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, III, XXXIX). Il écrit (citations d’Eusèbe), concernant l’Evangile de Marc :« Marc, étant l’interprète (ou le traducteur) de Pierre, a transmis avec exactitude, quoique sans ordre, tout ce dont il se souvenait. Car il n’avait pas entendu lui-même le Seigneur, ni ne l’avait accompagné, mais plus tard, comme je l’ai dit, il suivit Pierre. Celui-ci donnait son enseignement selon les besoins, sans nullement se préoccuper de lier entre elles les sentences du Seigneur. Marc n’a donc pas fait d’erreur dans la relation de ses souvenirs. Son seul souci était de ne rien omettre de ce qu’il avait entendu, et de ne rien avancer d’inexact. »
Et il ajoute, concernant l’Evangile de Matthieu :
« Matthieu réunit les paroles du Christ en langue hébraïque, et chacun les traduisit comme il put. »
- Polycarpe (vers 70- vers 160 apr. J.-C.), évêque de Smyrne, nous a laissé deux lettres adressées aux Philippiens. Dans la seconde, qui date environ de 135 apr. J.-C., il fait de nombreuses références aux écrits du Nouveau Testament : Actes II, 24 ; X, 42 ; I Pierre I, 8 ; II, 11 ; III, 9 ; IV, 7. Il cite les Evangiles de Matthieu (V, 3, 7, 10 ; VI, 13 ; VII, 1 ; XXVI, 41) et de Luc (VI, 37, 38) et plusieurs épîtres de Paul (Romains XIV, 10-12 ; I Corinthiens VI, 2, 9-10 ; II Corinthiens IV, 14 ; Galates II, 2 ; VI, 7 ; I Timothée VI, 7 ; II Timothée II, 12). Il écrit (Seconde Epître aux Philippiens, XI, 2, 3) :
« Ne savons-nous donc pas que les « saints jugeront le monde » (I Corinthiens VI, 2), ainsi que le rappelle Saint Paul ? Pour ma part, je n’ai jamais rien reçu ni rien appris de tel dans votre communauté, où œuvra le bienheureux Paul et qu’il invoque en tête de sa lettre (voir l’Epître aux Philippiens de l’apôtre Paul). Il se loue même de vous devant toutes les Eglises qui étaient alors les seules à connaître Dieu. »
- Justin le philosophe (100-165 apr. J.-C.)
Il est l’auteur de deux Apologies, la première adressée à l’empereur Antonin (138-161 apr. J.-C.), la seconde au Sénat romain, et d’un Dialogue avec un rabbin nommé Tryphon (rabbi Tarphon). Ces textes datent des années 150 apr. J.-C.
Dans sa Ière Apologie, il cite abondamment l’Evangile de Matthieu et quelques bribes de Luc (I, 31, 32). Dans son Dialogue avec Tryphon, il cite surtout Matthieu, puis Luc (I, 26-38 ; II, 1, 2 ; X, 19 ; XX, 35, 36) mais se réfère aussi à Marc (III, 17). Il signale également (le premier à ma connaissance) l’existence de l’Apocalypse attribuée à l’Apôtre Jean (Dialogue avec Tryphon, LXXXI) dont il connaît visiblement le contenu. Il appelle communément les Evangiles, « Les Mémoires des Apôtres » (Dialogue, CIII, CV, CVI, CVII) :« Dans les Mémoires que j’ai dit composés par les apôtres et leurs disciples, il est écrit qu’une sueur comme faite de caillots de sang lui coulait, tandis qu’il priait en disant : « Que s’éloigne si c’est possible ce calice ! » (Dialogue avec Tryphon, CIII)
Notons que le passage de l’Evangile auquel il se réfère ici est un verset de Luc (XXII, 44) qui n’est pas présent dans tous les manuscrits.
Enfin, Justin renvoie à de nombreuses reprises à des événements de la vie de Jésus (naissance, entrée à Jérusalem, condamnation, supplice, résurrection...) qui montrent qu’il avait une connaissance complète du contenu des Evangiles.Entre 150 et 200 apr. J.-C. les témoignages sont nombreux. Les écrivains qui font alors référence aux écrits du Nouveau Testament sont essentiellement, comme Justin, des défenseurs de la foi chrétienne, des polémistes appelés aujourd’hui « apologistes ». Parmi ceux-ci figurent l’auteur de l’Epître à Diognète (peut-être avant 150), Tatien, disciple dissident de Justin déjà cité, auteur d’un Discours aux Grecs et d’une concordance des 4 Evangiles baptisée Diatessaron (vers 160), Méliton de Sardes (vers 170), Théophile d’Antioche (vers 170), Athénagore (vers 170), Irénée de Lyon (vers 180), Minucius Félix (fin IIème – début IIIème siècle), Clément d’Alexandrie, Hippolyte de Rome, et surtout Tertullien (fin IIème – début IIIème siècle) qui nous a laissé une trentaine d’ouvrages. Certains auteurs chrétiens comme par exemple Quadratus (vers 120-130 apr. J.-C.), Apollinaire (vers 170), Modeste ou Philippe de Gortyne, dont les écrits sont perdus, ne nous sont connus que de nom ou, dans le meilleur des cas, par quelques citations.
Dans les années 170 apr. J.-C. quelques païens lettrés commencent à s’intéresser de près aux écrits du Nouveau Testament et l’un d’eux, le philosophe Celse, rédige un réquisitoire virulent intitulé « Discours véritable » dirigé contre la religion chrétienne . L ‘intégralité de ce texte nous est connu grâce à Origène qui, soixante-dix ans plus tard, répond aux accusations du philosophe dans son Contre Celse. Les écrits du Nouveau Testament sont alors connus de tous.(1) Matthieu IX, 13 a son parallèle en Marc II, 17 et en Luc V, 32.
Papyrus (papyri) et Codex :
Les Papyrus
Juxtaposées en 2 couches perpendiculaires l'une à l'autre puis collées ensemble, les fibres de papyrus sont utilisées comme support d'écriture depuis le IIIème millénaire av. J.-C. en Egypte. L'usage du papyrus s'est étendu au monde méditerranéen durant le Ier millénaire av. J.-C. Nous ne recensons ici que les papyrus du Nouveau Testament les plus anciens (antérieurs à 300 apr. J.-C.) en suivant la classification usuelle (P comme Papyrus, suivi du numéro de classement).
Classement Siècle Contenu P4 IIIème siècle Fragments de Luc P5 IIIè Passages de Jean P20 IIIè Passages de Jacques P22 IIIè Passages de Jean P27 IIIè Passages de Romains P32 IIIè Passages de Tite P37 IIIè Passages de Matthieu P45 IIIè 30 Feuillets, passages ds 4 Evangiles et des Actes P46 IIIè 86 feuillets, une bonne partie des Epîtres de Paul P47 IIIè 10 feuillets, 8 chapitres de l'Apocalypse P48 IIIè Passages des Actes P49 IIIè Passages d'Ephésiens P50 IIIè Passages des Actes P52 vers 130 apr. J-C Fragments de Jean P53 IIIè Passages de Matthieu et des Actes P64 IIè Passages de Matthieu P65 IIIè Passages de I Thessaloniciens P66 IIè L'Evangile de Jean (la quasi-totalité) P67 IIIè Passages de Matthieu P69 IIIè Passages de Luc P72 IIIè Jude, I et II Pierre
A suivre...